LA RAINETTE FAUX-GRILLON
L’IMPORTANCE DES MILIEUX NATURELS
LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
La rainette faux-grillon
Qui est cette petite grenouille qui laisse une si forte empreinte positive sur notre environnement ?
Plusieurs l’ignorent mais au Québec, des milieux naturels résiduels de l’Outaouais et de la Montérégie abritent la plus petite de nos grenouilles : la rainette faux-grillon.
La rainette faux-grillon est une très petite grenouille de la famille des hylidés : sa taille fait en moyenne 2,5 cm. On l’aperçoit rarement, car elle est craintive. Elle a une peau légèrement granuleuse qui va de brun à gris olive. Saviez-vous que cette espèce présente une pigmentation variable selon le moment de la journée ? En effet, les individus sont plus foncés pendant le jour et en conditions froides, alors que leur pigmentation s’éclaircit pendant la nuit ou lorsqu’il fait chaud. On reconnaît aussi la rainette faux-grillon à ses trois rayures (ou parfois des points) dorsales foncées et à la bande latérale noirâtre qui parcourt ses flancs du museau et jusqu’à l’aine, ce qui la distingue aisément des jeunes grenouilles des bois (qui portent seulement un masque au visage). À l’instar de toutes les rainettes, ses doigts sont munis de disques adhérents telles des ventouses ; par contre, les siens sont peu développés, ce qui fait d’elle une grimpeuse moins agile que d’autres espèces comme la rainette versicolore. Son chant, qu’on entend entre avril et mai, est caractéristique : il s’agit d’un long crissement sec et ascendant, semblable au bruit que fait un ongle en passant sur les dents d’un peigne en métal.
Pourquoi la rainette faux-grillon est-elle si vulnérable ?
De la fin de mars au début de juillet, le cycle de reproduction de la rainette faux-grillon se déroule dans les milieux humides temporaires plutôt que permanents (pour en savoir davantage à ce sujet, visitez le parc de la Futaie). Ces mares temporaires protègent les têtards de la rainette faux-grillon de certains prédateurs mais les rendent particulièrement vulnérables en cas d’assèchement prématuré provoqué par les variations climatiques ou d’autres causes (températures élevées, faibles précipitations, drainage et remblayage, etc.). Le maintien d’une population locale dépend, minimalement, d’un nombre suffisant de milieux humides dont l’ennoiement dure jusqu’à la fin de juin.
La rainette faux-grillon est de petite taille et se déplace difficilement à plus de 250 mètres de son étang natal. Les milieux humides, qu’ils soient de faible ou de vaste étendue, sont essentiels à sa survie et à celle d’autres espèces (c’est en parcourant boisé Du Tremblay que vous apprendrez pourquoi).
Les adultes passent l’été à se nourrir dans les herbes hautes ou sur le sol forestier (une visite au centre plein air de Brossard s’impose pour en savoir davantage sur son alimentation).
La rainette faux-grillon de l’Ouest* a été désignée vulnérable à la disparition à l’échelle provinciale, et menacée à l’échelle fédérale. La rainette faux-grillon qui se trouve au sud du Québec porte toujours le nom légal de rainette faux-grillon de l’Ouest (Pseudacris triseriata). Cependant, des tests génétiques ont démontré récemment qu’elle est plutôt une proche cousine, la rainette faux-grillon boréale (Pseudacris maculata), tout comme l’espèce qui vit dans le nord du Québec à la baie James et avec laquelle elle n’a pas de contact.
Peu importe son nom, les pressions anthropiques sur ses habitats du sud du Québec demeurent élevées, et le déclin de ces populations se poursuit. Des pertes continues d’habitats et de sites de reproduction de la rainette sont attribuables entre autres à l’expansion urbaine et périurbaine ainsi qu’à la modification des pratiques agricoles.Cette dégradation de la situation justifie amplement la désignation de la rainette faux-grillon de la région du sud du Québec en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Les actions de protection des habitats demeurent donc la priorité (en exemple, la réserve naturelle du Boisé-Du Tremblay, à visiter pour en savoir davantage sur ce type de protection), avec une attention particulière portée aux besoins d’amélioration de la connectivité et de la qualité des habitats (découvrez des étangs aménagés du parc national du Mont-Saint-Bruno).